La dépendance des personnes âgées et les soins de longue durée - Scénarios actualisés pour la Suisse

La dépendance des personnes âgées et les soins de longue durée - Scénarios actualisés pour la Suisse

von: François Höpflinger, Lucy Bayer-Oglesby, Andrea Zumbrunn

Hogrefe AG, 2011

ISBN: 9783456950433

Sprache: Französisch

136 Seiten, Download: 1202 KB

 
Format:  PDF, auch als Online-Lesen

geeignet für: Apple iPad, Android Tablet PC's Online-Lesen PC, MAC, Laptop


 

eBook anfordern

Mehr zum Inhalt

La dépendance des personnes âgées et les soins de longue durée - Scénarios actualisés pour la Suisse



Espérance de vie à un âge avancé : tendances et scénarios

Depuis la fin du 19e siècle, l’espérance de vie moyenne en Suisse a progressé de manière presque ininterrompue, passant d’un peu plus 40 ans (en 1876) à plus de 80 ans (2009 : 79,8 ans chez les hommes et 84,4 ans chez les femmes). Entre 1876 et 1950, elle s’est accrue de 4 à 5 mois en moyenne annuelle. De 1950 à 2000, la croissance a été un peu plus faible, se chiffrant à environ 3 mois par an (cf. Office fédéral de la statistique 2009a). La hausse de l’espérance de vie au cours des dernières décennies résulte essentiellement d’un recul des taux de mortalité chez les personnes arrivées à l’âge de la retraite. D’où une hausse sensible de l’espérance de vie des hommes et des femmes de 65 ans, qui pouvaient espérer en 2008 vivre en moyenne respectivement 19,0 ans et 22,2 ans.

L’âge au décès le plus fréquent (dit âge modal au décès) s’est aussi sensiblement élevé, passant de 70 à 84 chez les hommes et de 70 à 88 ans chez les femmes de 1876/80 à 2001/02. L’âge au décès le plus élevé a également augmenté depuis les années 1950. En Suisse, il est passé de 102 ans au cours de la période 1880–1920 à 104 ans en 1960 et il atteint à présent 110 ans, avec des valeurs supérieures chez les femmes à celles des hommes (cf. Robine, Paccaud 2005).

Tout en affichant toujours une espérance de vie moyenne plus faible que les femmes, les hommes ont continué de combler leur écart durant les dernières décennies : de 6,7 ans durant la période 1978/83, la différence a reculé à 4,6 ans en 2009. L’une des causes de ce recul est la mortalité due au cancer des poumons (liée au tabagisme), qui a augmenté chez les femmes alors qu’elle s’inscrivait à la baisse chez les hommes. Simultanément, les différences entre les sexes en matière de mortalité par accident et de taux de suicide se sont un peu réduites, même si les hommes continuent de présenter des risques sensiblement plus élevés. Quant à savoir si l’espérance de vie va encore augmenter, les avis sont partagés. D’un côté, il est possible que les progrès de la médecine, comme les développements sociaux – par exemple, le meilleur niveau de formation des nouvelles générations de personnes âgées – contribuent à une nouvelle hausse de l’espérance de vie. De l’autre, certaines tendances défavorables à la santé apparaissent, telles que l’augmentation des cas d’obésité (la cause possible, pour certains, d’une future baisse de l’espérance de vie). Il est aussi difficile de savoir si l’accroissement de l’espérance de vie à un âge très élevé ne se heurtera pas peu à peu à une limite supérieure de nature biologique. Dans ce contexte, il est important de savoir que, jusqu’à présent, la hausse de l’espérance de vie moyenne était due en premier lieu au fait qu’un nombre plus élevé d’individus atteignaient la durée de vie biologiquement possible. Les connaissances montrent que la durée de vie maximale de l’être humain n’a par contre guère évolué au cours du dernier millénaire (cf. Crews 1990).

Jusqu’à aujourd’hui, les calculs effectués pour déterminer la limite maximale de la durée de vie ou longévité (« maximal life-span ») ont donné des résultats divergents, mais les valeurs estimées n’ont cessé de progresser. A la fin des années 1970, les estimations donnaient une espérance de vie maximale de 80,3 ans pour les femmes et de 73,8 ans pour les hommes (Bourgeois-Pichat 1978). Au début des années 1990, Olshansky prévoyait une limite maximale de 82 ans pour les hommes et de 88 ans pour les femmes, compte tenu de l’évolution des taux de mortalité enregistrée jusque-là (Olshansky et al. 1990). Des travaux plus récents, se basant sur des études de jumeaux, partent en revanche de l’hypothèse d’une longévité de l’espèce humaine de 93–94 ans (cf. Yashin, Iachine 1997). Cette estimation présuppose toutefois que la constitution génético-biologique des êtres humains reste fondamentalement inchangée. Il est en réalité trop tôt pour dire si des développements de nature génético-biologique vont faire augmenter la longévité humaine (cf. Stuckelberger 2008).

On retiendra en tout cas que le vieillissement humain est un phénomène com plexe et multifactoriel et qu’il existe plusieurs théories à propos du vieillissement biologique (cf. Schachtschabel 2004). Des aspects importants de la sénescence humaine sont le résultat de divers processus cumulatifs, c’est-à-dire d’une accu mulation d’influences nocives. Ajouté à une diminution des capacités réplica tives, ce phénomène finit par conduire à la mort. Selon cette théorie, les taux de mortalité selon l’âge servent d’indicateur des altérations qui se sont accumulées à l’âge correspondant. La croissance exponentielle des taux de mortalité selon l’âge confirme une telle théorie (qui postule aussi une limite maximale de la durée de vie humaine). Le fait que la durée de vie des individus d’une génération donnée présente une grande dispersion des valeurs tend à prouver que de nombreux facteurs sociaux et génétiques influencent la durée de vie de l’être humain.

Les études de jumeaux montrent qu’un quart des différences de durée de vie sont imputables à des facteurs génétiques (cf. McGue, Vaupel et al. 1993). Les trois quarts restants dépendent de facteurs sociaux et socioéconomiques : situation économique, conditions de logement, état de santé et comportement en matière de santé différents selon le niveau de formation, le mode de vie (cf. Höpflinger 2002). Le rapport entre les facteurs sociaux et les facteurs génético-biologiques évolue toutefois au cours de la vie. Ce sont avant tout des facteurs sociaux et individuels favorables, empêchant de vieillir et de mourir prématurément, qui permettent d’arriver à l’âge de 70 ou 80 ans. Ensuite, c’est davantage la constitution génétique qui est déterminante chez les individus qui deviennent nonagénaires, voire centenaires.

Il existe plusieurs méthodes pour estimer l’évolution future de l’espérance de vie. Une méthode de plus en plus courante consiste à exclure une ou plusieurs causes de décès importantes et à étudier quelles seraient les conséquences de l’élimination de ces causes de décès. De nos jours, les principales causes de décès chez les femmes et les hommes âgés sont des affections dégénératives à évolution lente. Ainsi, 60% des décès de personnes de 60 ans et plus sont dus à des maladies cardio-vasculaires et à des cancers. Dès lors, une nouvelle progression de l’espérance de vie de la population âgée dépend beaucoup de l’évolution des risques de souffrir d’une maladie dégénérative. En interprétant les scénarios établis à partir de telles hypothèses, il faut toutefois ne pas perdre de vue que si une cause de décès (par ex. l’infarctus du myocarde) disparaît, d’autres maladies entraîneront la mort des êtres humains, même si c’est plus tard. Raymond Kohli (2008) a calculé pour la Suisse les chiffres correspondants en se fondant sur la mortalité des années 1998/2003. Suite à l’élimination des maladies cardio-vasculaires, l’espérance de vie pourrait augmenter au maximum – à condition que les décès évités ne soient pas neutralisés par d’autres affections ou causes de décès – de 4,6 ans chez les hommes et de 4,5 ans chez les femmes. L’élimination de la mortalité cancéreuse pourrait élever l’espérance de vie des hommes de 3,7 ans et celle des femmes de 3,0 ans au maximum. La suppression des décès dus à des accidents de la circulation ne ferait par contre progresser l’espérance de vie que de 0,3 an (hommes) et de 0,1 an (femmes) et si le taux de suicide équivalait à zéro, il en résulterait une hausse de l’espérance de vie d’au maximum 0,6 an (hommes) et de 0,2–0,3 an (femmes) (cf. Kohli 2008: 62). L’espérance de vie future dépendra donc étroitement, comme cela était le cas au cours des dernières décennies, des évolutions des maladies cancéreuses et des maladies cardio-vasculaires.

Il faut cependant noter que la hausse de l’espérance de vie durant les dernières décennies a été freinée par une consommation de tabac plus élevée. En l’absence de cette consommation de tabac, l’espérance des femmes serait supérieure d’une demi-année et celle des hommes de presque deux ans (cf. Kohli 2008). Une baisse de cette consommation pourrait donc avoir un impact non négligeable sur l’espé rance de vie à l’avenir.

Kategorien

Service

Info/Kontakt